VOUS N'ÊTES QUE DES "TAS DE POILS".

Avant de vous conter l'histoire de nos "tas de poils", comme je les appelle souvent, il faut vous dire que dans mon enfance je n'ai jamais eu le droit d'avoir un animal à la maison, sauf une fois un cochon d'inde. Mais comme à cette époque nous habitions un appartement neuf, ma mère a décidé de le mettre à la cave, dans une caisse en bois. Naturellement, deux jours plus tard il était mort. J'ai eu beaucoup de peine ce jour-là. Les années ont passé et je me suis marié. Nous habitons, en ville, une maison avec un jardin et tous nos compagnons sont opérés, tatoués et vaccinés. Voici leurs histoires.




OCTOBRE 1996.

Beaucoup plus tard après notre mariage, le jour de la Saint-Nicolas, de la fenêtre de mon bureau, j'ai vu un jeune chat qui voulait entrer dans la voiture d'un monsieur, qui lui, bien sûr, ne voulait pas. Je suis sorti pour aller voir et la personne m'a dit "A vouloir entrer dans les voitures, il va finir par se faire écraser". J'ai donc pris cette petite boule et l'ai mise, pour le reste de la matinée, sous une corbeille à papier ajourée. Ce fut l'attraction du jour dans le bureau. Le midi je l'ai emporté à la maison en le posant sur mon imperméable beige. En sortant de la voiture, je me suis aperçu qu'à l'endroit où il s'était couché, le vêtement était gris. Le soir, nous avons lavé ce chaton délicatement dans l'évier avec du savon et ensuite séché dans une serviette de bain. Le lendemain, nous l'avons traité contre les puces. On se demande comment un si petit animal peut en avoir autant. C'est une chatte noire et blanche. Elle avait à l'époque environ 6 mois. Elle a maitenant 14 ans et se nomme KALINE...

Nous l'avions appelée Kaline car les premiers jours, elle était très douce et cherchait les câlins. En fait, elle était indépendante et choisissait, en vrai chat, les moments de tendresse. Quand ça ne lui plaisait pas, elle mordait : nous étions prévenus. Mais elle avait quand même bon caractère, car nous lui avons imposé la cohabitation avec de nombreux compagnons. Celui qu'elle a le mieux accepté est Filou. Avec lui, elle s'entrainait pour les "Jeux olympiques" discipline : "course à pattes". Elle partait la première, traversait en courant le salon, la salle à manger, escaladait l'escalier de la mezzanine pousuivie par Filou qui, arrivé en haut, faisait demi-tour et repartait le premier poursuivi, à son tour, par Kaline et cela bien souvent plusieurs fois de suite. Elle n'eut pas de problèmes de santé au cours de sa vie, si ce n'est un hématome à l'oreille droite. Notre vétérinaire, de service ce dimanche matin, l'a opérée. Elle a gardé, depuis, l'oreille légèrement "cassée". Bien que ne mangeant pas beaucoup, elle donnait l'image d'une chatte en parfaite santé.

Le deuxième personnage s'appelle MIMINE. Elle est venue chez nous il y a 12 ans mais nous ne savons pas exactement son âge. Sûrement beaucoup plus. Elle est arrivée un jour, se faisait nourrir de temps en temps, puis de plus en plus souvent. Un matin nous nous sommes aperçus qu'elle attendait des petits. Nous avons décidé de la surveiller. Le dimanche en rentrant de promenade la chose était faite. Il nous fallait trouver les bébés. Nous avions beau la suivre en cachette, de jour comme de nuit, par tous les temps, elle nous semait toujours. Un midi nous aperçûmes dans le jardin, un chaton noir et blanc d'environ deux mois. Nous avons essayé de l'attraper mais il est tombé, dans la cave, par le soupirail. Le lendemain arrivait un autre tout noir. Nous les avons baptisés DOMINO et NOIROT. Il dormait tous les trois dans une grande caisse couverte, dans le jardin, devant la véranda. Domino fut placé chez des amis à la campagne. Malheureusement Noirot se fit écraser dans la rue pendant notre absence. Depuis plus de deux ans Mimine est malade -insuffisance rénale- médicament matin et soir, nourriture spéciale du vétérinaire (pâtée et croquettes). A part cela elle semble, pour le moment, en pleine forme.

Le troisième, nous l'avons trouvé chez mon filleul, dans la région parisienne au cours d'une promenade, au bas de son immeuble caché dans les arbustes. Il était rejeté par sa mère et poussait de petits miaulements plaintifs. Nous l'avons ramené dans une boîte à chaussures. Il semblait aveugle. Nous avons contacté, dès notre retour, la SPA d'Amiens-Poulainville . Son directeur est passé le soir voir le chaton à la maison. Il nous a conseillé de lui laver les yeux avec de l'eau bouillie et de passer le lendemain au dispensaire. Le vétérinaire nous a dit qu'il était en fin de coryza et qu'il ne pouvait le garder pour le moment, faute de place. Nous devions le reporter une semaine plus tard, après traitement. Nous étions d'accord ma femme et moi. Le jour de son départ, il est resté tout le temps à mes côtés et ne me quittait pas d'une semelle. Il semblait me dire du regard "garde moi". Ma femme l'a pris, comme convenu, pour le porter à la SPA. Alors de rage, je suis parti dans le jardin avec une scie. Deux malheureux arbres furent coupés. Ce n'est pas beau n'est-ce-pas !. Voyant cela, ma femme ayant peur d'un "défrichage général", renonça à le reconduire à la SPA. Il a maintenant 8 ans et s'appelle FILOU...

Filou était un chat très câlin. Il n'avait pas trouvé auprès de Kaline, Mimine et P'tit Roux l'affection qu'il cherchait. Pour cette raison, il était très proche de nous. Ma femme ne pouvait faire de la tapisserie ou du tricot, il se mettait dessus. Combien de fois nous lui avons marché sur la queue ou les pattes : il était toujours entre nos jambes. C'était un chat joyeux et fort pour bloquer la boule de papier que nous lui lancions. Il la prenait avec ses dents et nous la rapportait à nos pieds. Nous faisions cela plusieurs fois de suite. Il nous faisait peur en faisant le funambule sur la balustrade de la mezzanine. C'était un autre jeu. Quand Ludwig est arrivé, il a trouvé le partenaire tant attendu. Il s'en est beaucoup occupé et filait le parfait amour avec lui, essayant de lui apprendre à ouvrir les portes en sautant sur la poignée, (il n'a pas réussi), à jouer au foot en ramenant la boule de papier, dormant ensemble et se faisant mutuellement la toilette.

A ce moment là, depuis quelques mois déjà, venait un jeune chat. Nous n'avions pas voulu garder Filou car nous étions sûrs que le nouveau venu allait s'installer chez nous définitivement. Ce qui fut fait très rapidement. Nous avions maintenant quatre chats.

Au cours du mois de juillet 1995, nous faisions des travaux dans la maison. Nous avions mis dans le container à ordures des lattes de bois qui empêchaient sa fermeture. En rentrant de courses, nous avons trouvé un chat plongeant dans le container, en train de manger les restes de nourriture de nos chats. Il s'est mis à miauler en nous voyant. Ma femme est allée chercher une boîte d'aliments et lui a donné à manger loin de l'entrée de notre maison. Le soir, il était installé sur le container, de même les jours suivants et dans la journée. Nous avons continué à le nourrir car il était très maigre. Au bout de quatre jours, un dimanche soir vers minuit, nous raccompagnions des amis à la porte. Il était toujours là, assis sur le container. Soudain, nous voyons quelque chose passer à nos pieds. En cherchant sous les hortensias, nous découvrons deux petits chatons : le chat était une chatte !. Elle les avait transportés de leur lieu de naissance à notre maison. Le restaurant n'était pas trop mauvais. Le lundi matin en rentrant le container, nous aperçûmes deux autres chatons, puis le mardi un autre. Nous avions donc six nouveaux chats : la maman et cinq petits d'environ deux mois. La famille avait élu domicile au soleil, sur la pelouse, devant notre maison. Ils se réfugiaient dans le vide sanitaire sous le salon, dès que quelqu'un approchait. Tout le monde s'arrêtait pour les regarder : "comme ils sont mignons" mais personne n'en voulait. Nous avions toujours du mal à les approcher, trois d'entre-eux étaient très sauvages. Nous arrivons, enfin, à placer la maman chez des voisins qui depuis l'ont appelée ISIS. Il fut décidé qu'elle resterait chez nous en attendant que les bébés partent. Nous avions pris la décision de les porter à la SPA. Quinze jours plus tard, nous préparons les sacs, et, pendant qu'ils mangeaient, nous réussissons à en attraper quatre. Le cinquième est resté introuvable. Nous l'avons cherché partout, même dans le vide sanitaire, mais en vain. Nous pensions que quelqu'un l'avait pris. Nous avons donc porté quatre chatons et signé un certificat d'abandon alors qu'il n'étaient pas à nous. Un comble ! car nous faisons partie de la SPA.



Quand nous sommes revenus, nous avons vu la maman et, à ses côtés, le "disparu". Il avait l'air de nous dire : "Vous ne m'avez pas eu ! ". Comme prévu, nous avons donné la maman et gardé le bébé en attendant de le placer. Nous avons informé le vétérinaire pour le donner contre bons soins. Deux personnes sont venues mais ne l'ont pas pris. Il était encore trop sauvage, bien qu'étant dans la maison. Un de nos chats, Filou, l'a tout de suite adopté alors que les trois autres le rejetaient. Filou lui faisait sa toilette, dormait et jouait avec lui. Il le protégeait. Il a été castré, tatoué, vacciné et nommé LUDWIG. Il était encore sauvage sauf lorsqu'il s'agissait de manger. Le grand amour dure toujours entre Filou et Ludwig. Quand l'un ne voit pas l'autre, il le cherche, l'appelle. Nous avons donc cinq chats. Désormais, nous fermons bien le container. Il a maintenant 14 mois. Malgré ses avances réitérées auprès des autres chats, il n'a toujours qu'un seul copain : Filou.
Cet été, nous avons pris 10 jours de vacances. Nous avons mis Kaline, Filou, Ludwig en chatterie et Mimine, chez des amis (les maîtres de Domino).


Le cinquième, lui, comme d'habitude, est resté dans la maison. Nos voisins et amis venaient plusieurs fois par jour le voir et le nourrir. Nous les avons appelés pour prendre des nouvelles et ils nous ont dit qu'il ne mangeait pas beaucoup. Nous pensions tous que c'était l'ennui. A notre retour, nous n'avons constaté aucun changement. Nous avons décidé de le conduire chez le vétérinaire, qui, après examen et radio, décela une petite boule et un bouchon dans les intestins. Après traitement, au bout de quelques jours ne voyant pas d'amélioration, nous sommes retournés voir le vétérinaire. La boule avait beaucoup grossi. Il ne pouvait pas être opéré. Il était trop faible et maigrissait de plus en plus. Le vétérinaire nous a dit qu'il n'en avait plus pour longtemps. A partir de ce moment cela alla très vite. Nous avons essayé de le nourrir avec toutes sortes de boîtes ou de plats que ma femme lui préparait.

Le soir, il montait se coucher sur notre lit avec ses deux copines, Kaline et Mimine, Filou et Ludwig restant dans la véranda. Nous étions contents, une nouvelle journée s'était passée sans problème. Nous étions encore plus heureux de le revoir le matin à notre réveil. Il était toujours avec nous. Mais il mangeait de moins en moins. Puis, un jour, il n'a plus mangé ni bu.

Alors, le premier jour d'octobre en cette fin d'après-midi ensoleillée, "il est parti se reposer, sous quelques fleurs, dans son jardin qu'il aimait tant". Malgré les quatre compagnons qui restent avec nous, son absence laisse dans notre maison un grand vide. Il est resté dans son jardin jusqu'à la dernière minute. Nous l'avons fait euthanasier, chez nous, pour qu'il ne souffre pas.

Ce n'était qu'un "4 pattes", une boule de poils usée par la maladie.
Merci à toi d'avoir bien voulu partager une partie de notre vie.
Il avait 10 ans. Il s'appelait "P'TIT ROUX".
Au revoir "tas de poils".
Dors en paix.

1er Octobre 1996.


Afin de ne pas perturber P'tit Roux qui était habitué à sortir, la décision fut prise de le mettre à la laisse les derniers jours. Nous avions peur qu'il se cache dans un coin pour mourir seul, en souffrant.



Vive la sieste !
De gauche à droite, de bas en haut : Filou, P'tit Roux, Kaline et Mimine.

OCCUPÉ !

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