À la même séance, Monsieur le docteur Francq sollicite que soit attribué à une rue importante d'Amiens le nom de "rue des Otages".
Notre ville, en 1914, vit 13 de ses principaux habitants emmenés comme otages par les Allemands ; ce sont :
MM. Regnault, procureur général, Duchaussoy adjoint au maire, Thierce, Antoine, Thierry, Pascot, Lequai-Pourchelle, Fauvel, Béthouart, Lamare, Crampon, Jazets et Lasselain, membres du Conseil municipal.
Ces otages ont souffert physiquement et moralement. Ils ont pu craindre la mort à diverses reprises ; deux otages sont décédés peu de temps après leur retour de captivité ; tous ont fait preuve d'un grand courage civil. Amiens se montrera reconnaissant en les honorant tous indistinctement, en une même pensée, sans aucune individualité.
La commission, rapprochant les suggestions de nos collègues Lallemant et Francq, en reconnaît le bien-fondé et trouve qu'elles se complètent l'une et l'autre ; la commission ne retient pas l'intéret historique local rappelé par le mot "porte de Paris" ; cette porte eut d'ailleurs une vie heureuse : construite vers 1470, elle ne supporta point d'attaque ennemie, ne vit guère passer les grands personnages ; pourquoi conserver uniquement le souvenir de la porte de Paris, alors que la porte de Gayant, la porte de la Hotoie, la porte de Beauvais, la porte de Noyon étaient plus célèbres ?
Si au moins nos devanciers avaient conservé un témoin des anciennes fortifications comme à Paris la porte Saint-Denis et la porte Saint-Martin, ce témoin eût parlé à notre entendement mille fois mieux qu'un simple nom sur une plaque. N'est-il pas vrai aussi qu'un fait récent éclipse un fait ancien ?
Les noms des otages de 1914 figureront dans l'armorial de notre ville.